Le département du Val-de-Marne a expérimenté une démarche afin de réfléchir à la qualification du parc des Cormailles en tant que « zone calme ». Mesures de bruit, visites sur site et enquêtes de perception auprès des riverains et usagers ont été réalisés.
2016 - 2017
Le département s’est engagé, au travers de son PPBE (Plan de Prévention du Bruit dans l’Environnement) publié en 2014, à préserver les zones potentiellement calmes dont il a la gestion, dont les parcs et espaces naturels départementaux, au nombre d’une vingtaine.
Dans ce cadre, il a décidé de s’inspirer de la méthodologie élaborée dans le cadre du projet européen QUADMAP (QUiet Areas Definition and Management in Action Plans) visant à qualifier un lieu de « zone calme » au sens de la directive européenne 2002/49/CE du 25 juin 2002. Voici la définition qu’en fait le code l’Environnement : « Espaces extérieurs remarquables par leur faible exposition au bruit dans lesquels l’autorité compétente souhaite maîtriser l’urbanisation de cette exposition compte tenu des activités humaines pratiquées ou prévues ».
Pour obtenir cette qualification, une valeur de référence de 55 dB(A) en Lden est recommandée. Il s’agit d’un objectif difficile à atteindre en milieu urbain dense, et on pourra s’attacher à la notion de contraste acoustique entre intérieur et extérieur du parc. Dans tous les cas, la réalisation de mesures acoustiques est préconisée dans le cadre de cette démarche. Associée à un travail d’analyse experte inspirée de la méthodologie Quadmap, elle contribue à une connaissance fine des potentialités des différents sous-secteurs identifiés.
Cette méthodologie comprend également une enquête auprès des usagers. En effet, les études de psycho-acoustique montrent que si certains bruits émis peuvent être objectivement forts, la gêne que ressentent les individus peut être variable en fonction, par exemple, de la nature de la source du bruit.
Elle vise à proposer un ensemble d’actions propres à améliorer l’environnement sonore du site en tenant compte des caractéristiques de ses abords.
Budget initial de l’étude : 20 000 €
Situation initiale
Les enjeux liés à ce parc sont importants étant donné qu’il est situé au centre d’un environnement urbain particulièrement bruyant et densément peuplé. Il existe des grands axes routiers de chaque côté du parc dont deux voies départementales (D224 et D154), une voie ferroviaire importante où circule le RER C ainsi que les trains se rendant à la gare d’Austerlitz. Le parc est également survolé par des avions et hélicoptères, et une zone industrielle est située à proximité.
Selon les cartes de bruit publiées en 2012, le bruit émis sur la D224 et sur la D154 peut dépasser 70 dB(A) en Lden, niveau qui peut être également atteint à l’intérieur du parc par le bruit ferroviaire.
Situation finale
Le bureau d’études Soldata acoustic a effectué 30 mesures du bruit : 2 dans 15 lieux différents (un jour de semaine et un jour de week-end). Les résultats montrent que seuls 18 sont en dessous du seuil de 55 dB(A).
Cependant, il faut noter une grande diversité dans ces données. Si certains endroits sont particulièrement calmes tels que le jardin des sables (44.5 dB(A)), d’autres le sont moins tel que le trottoir de l’avenue Georges Gosnat devant le parc (67,5 dB(A)).
Synthèse des résultats des points de mesure : seules les données en vert clair et foncé correspondent au seuil de recommandation afin de qualifier un lieu en « zone calme ».
Pour autant, l’enquête menée auprès des usagers a montré que la plupart des personnes ne sont pas forcément dérangées par les bruits et notamment ceux qui proviennent de l’intérieur du parc. Une personne affirme par exemple bien aimer le bruit des enfants et le justifie comme cela : « C’est distrayant de regarder les enfants jouer ! Ils sont pleins de vie ! ». En revanche, certaines personnes qui recherchent un calme plus important, pour la lecture par exemple, sauront trouver ces endroits au sein du parc. L’enquête auprès des usagers montre ainsi qu’il existe une diversité d’usages du parc et que les personnes savent à quels endroits se rendre au sein de celui-ci selon les usages.
Bilan et perspectives
Il ressort du diagnostic acoustique que seuls certains endroits du parc pourraient être qualifiés de « zone calme » si l’on retient les recommandations de l’Union européenne de ne pas dépasser 55 dB(A). Cependant, cela reste un espace agréable pour la majorité de ses usagers. Le bruit est parfois accepté, et notamment ceux provenant de l’intérieur du parc.
Une réflexion a ainsi été initiée sur les actions propres à préserver le parc des nuisances sonores. Le département a ainsi rénové la D224 en 2015 afin de limiter la propagation de son bruit à l’intérieur du parc. Bruitparif a mesuré que le bruit a diminué en moyenne d’1 dB(A) sur cet axe.
D’autres actions simples sont menées sur ce parc pour maintenir un calme relatif : vigilance sur les bruits parasites émis à l’extérieur du parc (chantiers de construction, trafic routier et ferré) et au sein même du parc (évènements festifs, entretien des espaces verts). Sur ce dernier point, le Département du Val-de-Marne a entrepris depuis plusieurs années déjà, une conversion de ces appareils d’entretien à moteur thermique très bruyants et polluants, par des équipements à énergie électrique (débroussailleuses, tondeuses à gazon, véhicules utilitaires légers).
La sensibilisation du personnel aux nuisances sonores n’en demeure pas moins une action essentielle et permanente pour maintenir une ambiance sonore de qualité au sein des parcs.
Appliquée à titre expérimental sur le site du parc des Cormailles, cette démarche pourra être étendue à l’avenir à l’ensemble des espaces verts départementaux, voire déboucher sur une labellisation « zone calme ».